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De feu et de glace
11 janvier 2016

Le nouveau danger Iranien

L'accord sur le nucléaire conclu à Vienne entre l'Iran et les nations du groupe P5+1 - les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies pourvus du droit de veto, plus l'Allemagne - suscite soulagement et optimisme à travers le monde. Pour la plupart, les pays partagent l'évaluation de l'Association pour le contrôle des armes selon laquelle le Plan d'action conjoint établit une formule solide et efficace afin de bloquer toutes les voies par lesquelles l'Iran pourrait acquérir du matériel à des fins de production d'armes nucléaires pendant plus d'une génération, et un système de vérification pour détecter et entraver rapidement toute tentative faite par l'Iran afin d'obtenir en secret des armes nucléaires qui durera indéfiniment. Certains ne partagent toutefois pas cet enthousiasme: les États-Unis et leurs alliés régionaux les plus proches, Israël et l'Arabie saoudite. Il en résulte notamment que les entreprises américaines, à leur grand désarroi, ne peuvent affluer vers Téhéran avec les sociétés européennes. D'importants secteurs du pouvoir et de l'opinion aux États-Unis partagent le point de vue des deux alliés régionaux et se trouvent dans un état d'hystérie virtuelle face à la "menace iranienne". À en croire les propos les plus sobres tenus dans à peu près toutes les sphères américaines, l'Iran constitue "la menace la plus grave pour la paix mondiale". Même ceux qui soutiennent l'accord aux États-Unis font preuve de prudence, compte tenu de la gravité exceptionnelle de cette menace. Après tout, peut-on faire confiance aux Iraniens avec leur passé d'agression, de violence, de perturbation et de duperie? L'opposition parmi la classe politique est si forte que l'opinion publique est rapidement passée d'un appui important à l'accord à un partage égal. Les républicains s'opposent presque à l'unanimité à l'accord. Les présentes primaires en sont une illustration. Le sénateur Ted Cruz, perçu comme l'un des intellectuels parmi le large groupe de candidats, prévient que l'Iran pourrait encore être en mesure de produire des armes nucléaires et pourrait un jour déclencher une impulsion électromagnétique qui "paralyserait le réseau électrique de toute la côte Est" des États-Unis, tuant des "dizaines de millions d'Américains". Les vainqueurs les plus probables, Jeb Bush, ancien gouverneur de la Floride, et Scott Walker, actuel gouverneur du Wisconsin, se disent prêts à bombarder l'Iran immédiatement après les élections ou après la première réunion du cabinet. Le candidat possédant une certaine expérience en matière de politique extérieure, Lindsey Graham, qualifie quant à lui l'accord de "peine capitale pour l'État d'Israël", ce qui constitue certainement une surprise pour les services secrets israéliens et leurs analystes stratégiques -- Graham sait bien qu'il s'agit d'une absurdité totale, ce qui soulève des questions quant à ses motivations. Gardez en tête qu'il n'y pas si longtemps, les républicains ont renoncé à l'idée de fonctionner comme un parti normal au Congrès. Comme l'a fait remarquer le respecté commentateur politique conservateur Norman Ornstein, de l'organisme de droite American Enterprise Institute, ils sont devenus une "insurrection radicale" cherchant à peine à prendre part au processus politique normal au Congrès. Depuis l'époque du président Ronald Reagan, la direction du parti a tellement plongé dans les poches des très riches et du secteur des entreprises que les républicains ne peuvent attirer des votes qu'en mobilisant des franges de la population n'ayant pas encore constitué une force politique organisée. Parmi elles: les chrétiens évangéliques extrémistes, qui de nos jours forment probablement la majorité des électeurs républicains; les vestiges des anciens États esclavagistes; les nativistes terrifiés à l'idée qu'"ils" nous enlèvent notre pays anglo-saxon chrétien; et d'autres qui font des primaires républicaines un spectacle éloigné de la société moderne conventionnelle -- bien qu'ils ne soient pas issus du courant dominant du pays le plus puissant de l'histoire du monde. L'écart avec les normes mondiales, cependant, va bien au-delà des limites de l'insurrection radicale républicaine. À travers le spectre, par exemple, on partage la conclusion "pragmatique" du général Martin Dempsey, chef d'état-major des armées des États-Unis, voulant que l'accord de Vienne "n'empêche pas les États-Unis de frapper des installations iraniennes si les autorités jugent que (l'Iran) viole l'accord", même si une frappe militaire unilatérale est "beaucoup moins probable" en cas de bonne conduite de l'Iran. Dennis Ross, ancien négociateur au Moyen-Orient des administrations Clinton et Obama, affirme que "l'Iran ne doit avoir aucun doute que si nous le voyons se diriger vers une arme, cela déclencherait un recours à la force", même après la conclusion de l'accord, alors que l'Iran sera en principe libre de faire ce qu'il voudra. En fait, ajoute-t-il, la fin prévue dans 15 ans constitue "le plus grand problème de l'accord". Il propose également que les États-Unis fournissent à Israël des bombardiers B-52 spécialement équipés et des bombes capables de pulvériser des bunkers en prévision de ce moment terrifiant.

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